Le président de la Chambre et chef du mouvement Amal, Nabih Berry, a prononcé un discours-fleuve hier à l’occasion de la 39e commémoration de la disparition de l’imam Moussa Sadr, durant lequel il a mis en relief l’importance de la relation du Liban avec la Syrie, l’indéniable victoire remportée contre l’État islamique dans l’est du pays, mais, également, sa certitude que Moussa Sadr et ses compagnons disparus il y a 39 ans « sont toujours en vie, et je dis cela en toute responsabilité ».
C’est un meeting populaire et politique que le mouvement Amal a organisé près de l’aéroport de Beyrouth, en présence d’un important parterre de responsables, notamment l’ancien président de la République Amine Gemayel, le représentant du président de la République Michel Aoun, le ministre de la Défense Yaacoub Sarraf, Hussein Khalil représentant le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah. Avant d’entamer son intervention, Nabih Berry a demandé aux personnes présentes d’observer une minute de silence en hommage aux victimes de l’armée et de la résistance tombées durant les combats. Retraçant ensuite l’histoire empreinte de bravoure de Beyrouth et de sa banlieue, il a également cité Moussa Sadr qui « nous a appris que, face à toute offensive, il faut opposer de la résistance ». « Que la paix soit avec lui, avec celui qui nous a appris que le terrorisme israélien est en tous points pareil au terrorisme takfiriste », a martelé M. Berry avant d’ajouter que Moussa Sadr « nous a appris à bâtir les nations et comprendre que l’homme est la richesse et la force du Liban, tant dans son armée que dans sa résistance et dans son peuple ». Il a ensuite fait part de la difficulté pour la commission d’enquête de se rendre actuellement en Libye afin de faire la lumière sur la disparition de l’imam chiite, affirmant qu’il a demandé à la commission « de faire montre de prudence jusqu’à ce que la situation se stabilise » dans ce pays. Le chef du mouvement Amal a ensuite assuré que Moussa Sadr et ses deux compagnons « sont encore en vie ». « Nous le disons en toute responsabilité », a précisé M. Berry. « La Haute Cour de justice attend le rapport du procureur pour compléter son travail (…), et le cas de Hannibal Kadhafi est également devant la justice », a-t-il dit.
Abordant par ailleurs la question des relations libano-syriennes, il a appelé « tout le monde à faire attention, non pas pour une question de suivisme ou d’atteinte à l’indépendance, mais bien parce qu’il s’agit d’un besoin stratégique dans l’intérêt des deux pays ». Et de souligner que la Syrie « constitue la profondeur stratégique et l’unique issue terrestre du Liban ». « Les accords entre le Liban et la Syrie sont plus importants que les Constitutions, parfois », a-t-il noté.
Revenant enfin sur la bataille qui a opposé l’armée aux miliciens de l’État islamique, il a qualifié l’issue de la bataille de « victoire et demie » et a appelé l’ensemble du pays à célébrer cette victoire aujourd’hui « avec mon frère Hassan Nasrallah ». « Il s’agit de la deuxième victoire, la deuxième et demie », a-t-il martelé. Nabih Berry a critiqué « ceux qui tentent de fuir la victoire en accusant la résistance d’avoir conclu un marché aux dépens de l’État ». « Le général Ibrahim négociait-il en son nom ? Il n’a pas fait un pas sans en informer le président de la République et le Premier ministre », a-t-il dit. « La victoire par le biais des négociations est parfois plus importante que la victoire guerrière », a-t-il souligné.
Nabih Berry a enfin affirmé que « nous empêcherons toute rupture dans les relations avec le Koweït », en allusion à l’affaire de la cellule d’al-Abdelli, rendant hommage aux efforts déployés par ce pays pour la reconstruction du Liban après les agressions israéliennes et dans le projet du Litani. Il a également loué « les clarifications apportées par Hassan Nasrallah et à travers l’initiative du Premier ministre » dans cette affaire.