L’ONG Générations futures révèle que de nombreuses marques de céréales courantes contiennent des traces de ce désherbant hautement toxique
Si l’on est un peu informé, on sait que les céréales au petit-déjeuner ne sont pas idéales sur le plan nutritionnel : trop de sel, trop de sucre, trop de lipides. A en croire, Générations futures, une ONG spécialisée dans les questions de santé environnementale, elles sont aussi saturées de… glyphosate. Et cela n’est pas, mais alors pas du tout, optimal pour démarrer la journée sur les chapeaux de roue.
En effet, le glyphosate est le désherbant chimique le plus utilisé au monde, un pesticide donc que le public connaît surtout sous sa marque Roundup, produite par Monsanto. Et que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a déclaré “cancérogène probable chez l’homme” en mars 2015. Au point que Ségolène Royal, alors ministre de l’Ecologie, en avait demandé l’interdiction d’usage aux particuliers sur le sol français (ou plutôt, elle avait fait semblant de la demander…).
Bref, même si l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a établi en 2016, après un examen du rapport du CIRC, que les risques cancérogènes du glyphosate étaient “relativement limités”, ce n’est pas a priori, le genre de denrée qu’on s’attend à trouver dans son bol tous les matins.
Des enquêtes rares
Mais l’enquête de Générations futures révèle que, sur un panel de 8 marques de céréales trouvées en supermarché, 7 contiennent des résidus de glyphosate : Nestlé, Kellog’s, Jordans, Alpen, Leader Price, Weetabix…. Soit 87 % de produits contaminés.
Bien sûr, 8 marques constituent un panel trop petit pour tirer des conclusions scientifiques précises. Comme le précise Générations futures :
Cette étude “ne prétend pas être parfaitement représentative de la consommation de ce type d’aliments en France” ni “refléter exactement l’état moyen de la contamination par le glyphosate de ce type d’aliments vendus en France.”
Mais il y a fort à parier que sur un panel plus large, les conclusions ne seraient pas radicalement différentes. Il est cependant périlleux de l’affirmer, car les études pour découvrir la présence, ou non, de glyphosates dans les aliments sont coûteuses et donc… fort rares.
Niveau préoccupant
Du reste, l’ONG a inclus dans son panorama quelques denrées alimentaires un peu moins farcies de désherbants, mais qui le restent à un niveau préoccupant : 58 % des 12 légumineuses (pois secs, lentilles) examinées, et 28 % des 7 pâtes alimentaires.
Rappelons qu’en plus d’être un probable cancérogène, le glyphosate est suspecté d’être tératogène (de provoquer des malformations chez les enfants) – d’après les recherches du professeur Andres Carrasco de l’université de Buenos Aires – et un hépatotoxique (il détruit les cellules du foie). Même si, jusqu’ici, rappelons-le, rien n’établit scientifiquement que les résidus présents dans notre alimentation sont assez nombreux pour avoir des conséquences sanitaires avérées.
Rappelons enfin que le devenir de cette substance est en suspens à la Commission européenne. Plusieurs pays, dont la France, tentent, au nom des impératifs de santé publique, de ne pas renouveler son homologation pour dix ans. Mais les lobbys veillent…
Source: (L’Observateur)