A la veille du coup d’envoi du Mondial-2018, les fédérations membres de la Fifa choisissent mercredi à Moscou qui, du trio Etats-Unis/Canada/Mexique, favori, ou du Maroc, le “challenger”, accueillera le premier Mondial à 48 équipes.
Avant de savoir qui va remporter la Coupe du Monde 2018, 207 délégués des pays-membres de l’instance (sur 211, si le collège électoral est validé) vont désigner le (ou les) pays-hôte(s) du Mondial-2026, à l’issue du Congrès de la Fifa.
Après Russie-2018 et Qatar-2022, les supporters devront-ils prendre des cours d’Arabe, de Français, d’Anglais, ou d’Espagnol ?
Difficile de se risquer à un pronostic, car c’est la première fois que le scrutin est ouvert à autant de votants. Auparavant, c’était non pas le Congrès de l’instance mais son comité exécutif — soit une vingtaine de personnes –, devenu depuis Conseil de la Fifa, qui attribuait les Mondiaux.
Réforme suffisante pour mettre un terme à l’odeur de souffre et de corruption qui avait entouré les dernières attributions de l’ère Sepp Blatter ? “La Fifa a beaucoup fait au niveau des codes de conduite des délégués, des défenseurs de la candidature”, explique à l’AFP Sylvia Schenk, de l’ONG Transparency International et par ailleurs membre du conseil consultatif de la Fifa sur les droits de l’homme.
“Il n’y a pas de système parfait, il n’y a pas de garanties, mais vous pouvez avoir des systèmes de conformité et des réglementations spécifiques qui vont au moins prévenir une corruption systémique ou endémique. Mais des cas particuliers peuvent avoir lieu”, plaide l’ancienne sportive allemande.
“L’important pour moi est que tout a été fait correctement, maintenant tout le monde doit choisir, avec les dossiers de candidatures, les rapports, ils peuvent se faire leur propre avis en vue du Congrès”, a exposé le président de la Fifa, Gianni Infantino, dimanche à la sortie d’une réunion du Conseil de la Fifa à Moscou.
Les dossiers ? Il s’agit d’évaluations des deux candidatures par des commissions ad hoc, chargées d’en noter la qualité au regard d’une série de critères définis (infrastructures, hébergement, transports, budget…). Verdict: le dossier du Maroc “a obtenu une note globale de 2,7 sur 5” contre “4 sur 5″ pour le trio Etats-Unis/Canada/Mexique, avait-t-on appris auprès d’une source proche du dossier marocain.
Quatre fois candidat malheureux à l’organisation du Mondial (1994, 1998, 2006 et 2010), le Royaume croit toutefois toujours en ses chances de devenir le second pays du continent africain, après l’Afrique du Sud en 2010, à accueillir l’un des événements les plus importants de la planète.
Il bénéficie du soutien de nombreux pays européens, dont la France, notamment en raison de sa proximité géographique, et africains, à l’appel du président de la Confédération africaine de football (CAF) Ahmad Ahmad. Mais certains pays africains ont déjà fait entendre leur différence, comme le Libéria ou l’Afrique du Sud, partisans d'”United 2026”.
Gianni Infantino est par exemple présenté comme un défenseur de la candidature nord-américaine, notamment parce qu’il serait dans sa logique cohérent d’attribuer ce premier Mondial à 48 “à de grands pays qui ne l’ont jamais eu, comme la Chine ou l’Inde, ou à des associations de pays”, explique à l’AFP Paul Dietschy, historien du football. “Car pour couvrir les frais, il faut être à plusieurs”.
D’autant que le trio Etats-Unis/Mexique/Canada a promis “la Coupe du monde la plus lucrative de l’histoire” avec 14 milliards de dollars de recettes, contre un “net pour la Fifa de 5 milliards de dollars” du côté marocain.
Le Royaume mise sur des atouts autres que purement financiers pour faire la différence: “La ferveur autour du football dans le pays et sur le continent, la proximité” avec des villes hôtes “ramassées” dans un rayon de 550 km, ou encore des “stades modulaires”, a notamment plaidé auprès de l’AFP le président du comité de candidature marocain Moulay Hafid Elalamy.
Un autre élément pourrait jouer en sa faveur: le président des Etats-Unis Donald Trump, qui a scandalisé la planète foot en lançant sur Twitter des menaces à peine voilées à ceux qui ne soutiendraient pas la candidature “United 2026”.
Cela sera-t-il suffisant pour convaincre les délégués, au moment de pousser le bouton désignant le(s) futur(s) pays-hôte(s)? “Tout le monde doit assumer ses responsabilités et prendre sa décision, c’est tout”, a conclut Infantino.