De plus en plus d’études statistiques sur de larges populations montrent un lien entre la consommation de café et une réduction du taux de mortalité. La dernière étude confirme la tendance et donne des clés supplémentaires
Cela fait cinq siècles que le café est sorti d’Éthiopie et du Yémen pour conquérir d’abord le monde arabo-musulman, puis l’européen et enfin la Planète entière… Et l’on ne sait toujours pas s’il est bon ou mauvais pour la santé.
Ou plutôt, on ne le savait pas jusqu’à récemment, car plusieurs études statistiques sur de larges populations menées durant cette décennie tendent à montrer qu’il serait bon. Et la dernière étude, publiée début juillet dans la revue médicale JAMA, confirme la tendance, et apporte des éléments supplémentaires.
502 641 individus suivis durant dix ans
Résumons : l’étude de JAMA a porté sur 502 641 personnes du Royaume-Uni âgés d’entre 38 et 73 ans, hommes et femmes.
Les chercheurs n’ont pas effectué de tests de consommation de café sur eux, plutôt ils ont puisé dans une immense base de donnée médicale, l’UK Biobank, contenant déjà les informations génétiques, médicales et de style de vie de plus de 9 millions de britanniques, suivis sur 10 ans (2006-2016).
Ils ont alors montré statistiquement que ceux qui boivent de six à sept tasses de café par jour, à raison de 100 g de café moulu par tasse, présentent le taux de mortalité le plus réduit par rapport à ceux qui n’en boivent pas : entre 10 % et 16 % mieux que les non buveurs.
Avec quatre doses de café par jour, ce pourcentage positif
se réduit à entre 6 % et 12 %. Avec huit, il descend également (entre 8 % et 14%)…
Une tendance lourde
Cela confirme les conclusions d’autres études (non pas au chiffre près mais en tendance), comme l’étude européenne de 2017 portant sur 521 330 personnes, l’étude américaine de 2012 portant sur 5 148 760 de personnes, ou encore une autre étude américaine de 2017 portant sur 185 855 personnes “non blanches” (Africains-Américains, Hawaïens, Japonais Américains, Latinos) – pour éviter les biais liés, par exemple, à un filtrage orienté des personnes prises en compte.
Mais la nouvelle étude apporte en supplément un début d’analyse génétique sur les causes directes possibles de ce lien café/mortalité, à travers l’étude de quatre gènes liés à la métabolisation de la caféine (nommés AHR, CYP1A2, CYP2A6 et POR) précédemment identifiés.
Ce n’est pas la caféine !
En effet, ce réseau de gènes produit des substances (protéines) qui métabolisent les molécules de caféine, c’est-à-dire les fractionnent et donc les inactivent. Ceux qui se boivent leur café du soir en sont probablement porteurs…
Mais ces gènes peuvent présenter des mutations qui les rendent moins efficaces et donc augmentent la sensibilité de l’individu à la caféine.
Or les chercheurs ont constaté avec étonnement que la présence de bonnes où mauvaises mutations n’avait pas d’incidence sur l’effet observé, soit la corrélation statistique entre consommation de café et une moindre mortalité.
D’où leur hypothèse que ce n’est pas la caféine mais “autre chose” dans le café qui est bon pour la santé. Reste à découvrir quoi, en savourant un bon café ou un décaféiné – qui pourrait donc avoir la même vertu…