Un groupe islamiste a revendiqué l’attentat, mais Aziz Asber était aussi une cible du Mossad.
Le visage d’Aziz Asber était inconnu du grand public jusqu’à l’annonce, dimanche 5 août, par un journal proche du régime, de sa mort dans un attentat contre son véhicule près de la ville de Masyaf, dans le centre de la Syrie. Pourtant, ce personnage paraît avoir été un pilier de l’arsenal chimique et militaire syrien. Tué avec son chauffeur, samedi soir, probablement par l’explosion d’un engin positionné sur la route qu’il empruntait, peu après avoir quitté son domicile, ce physicien de formation était une figure importante du Centre d’études et de recherches scientifiques (CERS), l’entité chargée du développement et de la production d’armes non conventionnelles, dont les armes chimiques et les missiles vecteurs.
Aziz Asber avait su se faire discret. De rares photographies de lui circulent dans la presse. On lui attribue une proximité avec le président Bachar Al-Assad, dont il aurait gagné la confiance. Il aurait également entretenu des relations étroites avec l’Iran et le Hezbollah, mouvement chiite libanais soutenu par Téhéran. Originaire de la région de Tartous – vivier de l’armée –, il était détenteur de deux doctorats et aurait notamment étudié en France. Les cadres du CERS font partie de l’élite du régime syrien mais sont soumis à une surveillance étroite. Leurs passeports sont entre les mains des services de sécurité et leurs déplacements soumis à autorisation.
Un groupe islamiste, les brigades Abou Amara, a revendiqué son assassinat. Depuis 2017, ces insurgés ont mené plusieurs attaques contre de hauts gradés syriens ou des miliciens prorégime. Mais plusieurs médias progouvernementaux voient dans cette opération la main d’Israël. Des opposants évoquent, pour leur part, l’hypothèse d’une liquidation en interne.
C’est la première fois qu’un haut responsable du CERS est ainsi éliminé sur un mode qui rappelle celui utilisé par le service secret israélien, le Mossad, à l’encontre des responsables du programme nucléaire.
Source : LE MONDE