Après près de cinq années de fermeture, le musée d’Idleb a rouvert ses portes lundi en Syrie avec l’exposition d’une petite partie de sa collection, l’institution n’ayant pas échappé à la guerre qui ravage le pays.
Deux uniques salles seront accessibles au public qui pourra y découvrir mosaïques, statues, chapiteaux de colonnes, mais aussi amphores, lampes à huile et autres ustensiles et récipients en argile remontant à l’Antiquité.
La réouverture de ce musée dans une région toujours en guerre a été lancée par une équipe locale d’académiciens et d’archéologues alors que l’institution était fermée depuis 2013. Lundi déjà, quelques dizaines de visiteurs ont déambulé parmi les vestiges qu’ils ont pris en photo avec leur portable.
“Nous avons mené des travaux de restauration et d’entretien dans le musée d’Idleb pour lui redonner vie”, affirme à l’AFP le responsable des sites archéologiques d’Idleb, Ayman al-Nabo, en marge de l’inauguration.
“C’est un message au monde entier, et plus particulièrement à l’UNESCO, pour qu’elle assume son rôle vis-à-vis des sites archéologiques” d’Idleb, martèle le responsable.
Dominée par le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham, la province d’Idleb (nord-ouest) est riche en musées et sites archéologiques remontant à l’Antiquité, dont la cité d’Ebla, érigée au temps d’un des plus anciens royaumes de Syrie.
Terre de multiples civilisations, des Cananéens aux Ottomans, la Syrie regorge de trésors datant des époques romaine, mamelouk et byzantine, avec des mosquées, des églises et des châteaux croisés. Six sites du pays sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco et certains n’ont pas échappé aux violences destructrices de la guerre qui ravage le pays depuis 2011.
L’équipe du musée d’Idleb veut d’ailleurs “organiser des visites pour toute la génération d’étudiants qui n’ont pas pu visiter des sites archéologiques à cause de la guerre”, souligne M. Nabo.
Ouvert en 1989, le musée d’Idleb regroupait avant la guerre l’essentiel des objets déterrés lors des fouilles d’Ebla, un site connu pour ses tablettes d’argile datant de 2.400 à 2.300 avant JC qui témoignent de l’invention du premier alphabet.
Durant les premières années du conflit, la cité antique d’Ebla avait été pillée et ravagée par les combats entre rebelles et régime, tandis que le musée d’Idleb avait été visé par des raids aériens.
L’ancien directeur des Antiquités syriennes, Maamoun Abdel Karim, avait assuré par le passé à l’AFP que “la grande majorité des objets archéologiques dans les musées syriens avaient été sauvés et placés dans des endroits sûrs à Damas”.
Parmi les visiteurs de lundi l’archéologue Fayez Kawssara. “J’ai vécu la création du musée d’Idleb dans ma jeunesse (…) et aujourd’hui après toutes ces années noires, il rouvre de nouveau, avec ce qui reste des vestiges”, soupire-t-il.
Source : AFP
Source : La Croix