Cette fois, le peuple soudanais a des raisons de se réjouir. Les dirigeants de la protestation et les généraux au pouvoir ont finalement paraphé l’accord historique de partage du pouvoir.
« Les deux parties sont pleinement d’accord sur le document constitutionnel et poursuivent leurs réunions ce soir pour discuter des arrangements techniques en vue de la cérémonie de signature officielle devant le peuple soudanais et en présence de leurs amis en Afrique et dans le monde », avait déclaré la veille l’envoyé de l’Union africaine pour le Soudan Mohamed El-Hacen Lebatt. Après des semaines de violence, d’agitation et d’enlisement, les militaires au pouvoir au Soudan et les meneurs de la contestation ont paraphé ce dimanche 4 août une déclaration constitutionnelle ouvrant la voie au transfert du pouvoir à une nouvelle instance de transition dominée par les civils. En Afrique, rares sont les périodes de transition politique qui aboutissent à des élections libres et transparentes.
La nouvelle instance de transition sera formée le 18 août
Autour de la table : Ahmed al-Rabie, un des principaux responsables de la contestation, et Mohammed Hamdan Daglo, numéro deux du Conseil militaire au pouvoir, ont signé la déclaration lors d’une cérémonie durant laquelle étaient présents les médiateurs de l’Union africaine et de l’Éhiopie. Au milieu des drapeaux soudanais, des youyous et des klaxons, des milliers de Soudanais sont descendus dans les rues de Khartoum pour célébrer l’annonce de l’accord, un pouvoir civil étant une exigence clé de la contestation après la destitution en avril par l’armée du président Omar el-Béchir.
La leçon de Khartoum
La déclaration s’appuie sur un accord historique de partage du pouvoir signé le 17 juillet et prévoit la mise en place d’un organe décisionnel mixte civil-militaire chargé de superviser la formation d’un gouvernement civil de transition et d’un parlement pour gouverner pendant une période de transition de trois ans. Cet accord est le fruit de négociations difficiles entre les dirigeants des manifestations de masse qui ont éclaté en décembre dernier contre le régime de trois décennies du président Omar el-Béchir et les généraux qui l’ont finalement évincé en avril.
L’instance dirigeante, appelée Conseil souverain et composé de cinq militaires et de six civils, sera chargée de mener, avec un Parlement, la transition pendant un peu plus de trois ans, selon les termes de la déclaration politique convenue entre les deux parties le 17 juillet. « Les membres du Conseil souverain seront désignés le 18 août, le Premier ministre le 20 août et les membres du gouvernement le 28 août », a déclaré à l’AFP Monzer Abou al-Maali. Il a précisé que l’accord global sur l’instauration d’un pouvoir civil sera signé le 17 août.
La déclaration constitutionnelle s’ajoute à la déclaration politique convenue le 17 juillet. Toutes deux forment l’accord global dont l’application marquera le début de la période de transition de trois ans, qui devrait aboutir à des élections libres.
Source : Le Point.fr