Le président américain peut s’attendre aujourd’hui à recevoir un accueil mitigé, voire froid, dans les deux villes endeuillées par les fusillades du week-end.
Depuis que deux tireurs ont, à moins de 13 heures d’intervalle, fait 22 victimes dans le Texas puis 9 dans l’Ohio, la partition du président républicain est difficile à jouer.
On attend du dirigeant qu’il apaise les tensions et réconforte une nation traumatisée par ces énièmes tueries de masse, des tragédies qui s’impriment dans les rétines américaines comme situation normale. Mais le locataire de la Maison-Blanche, qui a qualifié les Mexicains de «violeurs» durant sa campagne et évoque régulièrement une «invasion» des Etats-Unis par les milliers de migrants d’Amérique centrale, est vivement critiqué par l’opposition et plusieurs ONG qui notent que le terme d’«invasion» a justement été repris par le jeune auteur de la tuerie d’El Paso dans un manifeste mis en ligne avant son passage à l’acte, fatal à au moins sept ressortissants mexicains.
A l’appel de l’organisation de défense des migrants Border Network for Human Rights, Rachel Curtis se rendra ce mercredi en début d’après-midi dans le parc Washington d’El Paso, à quelques encablures du Rio Grande marquant la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, pour brandir une pancarte hostile au président. «Je suis dégoûtée», confie à l’AFP cette mère de famille de 40 ans. «L’homme le plus intolérant du pays est la dernière personne dont nous avons besoin pour nous réconforter. Il n’a rien à faire à El Paso après que l’un des siens y a massacré 22 personnes innocentes».
Pour Veronica Escobar, élue démocrate du Texas à la Chambre des représentants, Donald Trump n’est pas non plus le bienvenu à El Paso. «Il ne devrait pas venir ici pendant que nous faisons notre deuil», a-t-elle déclaré sur MSNBC. «Les mots ont des conséquences. Le président a désigné ma communauté et mon peuple comme des ennemis». Le maire républicain d’El Paso, Dee Margo, a laissé entendre qu’il n’avait pas eu vraiment le choix. Accueillir le président «relève de (sa) fonction», a souligné celui qui avait dénoncé en février les mots utilisés par Donald Trump pour décrire sa ville.
Cette dernière était «considérée comme l’une des villes les plus dangereuses du pays» jusqu’à ce que l’érection d’une barrière en fasse «l’une des plus sûres», avait avancé le locataire de la Maison-Blanche lors de sa très solennelle adresse présidentielle à la Nation, quelques jours avant de s’y rendre pour défendre l’idée de son mur anti-immigration à la frontière avec le Mexique.
Source : Le Figaro