La motion permettant au Parlement de reprendre le contrôle sur l’agenda du Brexit a été adoptée par 328 voix contre 301. Le Premier ministre veut convoquer des élections anticipées.
La dramatisation avait été savamment orchestrée. La «représentation» qui s’est jouée mardi à Westminster n’a pas déçu. Alors que Boris Johnson était au milieu de sa déclaration, devant les rangs surchauffés du Parlement, un député a fait défection. L’élu conservateur Phillip Lee est allé s’asseoir au milieu des députés du Parti libéral-démocrate, privant le Premier ministre de sa majorité qui ne tenait qu’à une voix. «Le gouvernement conservateur poursuit de manière agressive un Brexit aux conséquences dommageables, a-t-il expliqué. Il menace de manière injustifiée l’intégrité du Royaume-Uni».
Après la pause estivale, les députés ont donc repris mardi le chemin de Westminster dans une ambiance tempétueuse. Les adversaires de Boris Johnson ont en effet fait leur le slogan des partisans du Brexit en 2016, «reprendre le contrôle», en l’appliquant au Parlement. Pour eux, il s’agit de restaurer le contrôle des députés sur le Brexit, afin de pouvoir empêcher un «no deal».
Les parlementaires hostiles à un Brexit sans accord – qu’ils soient issus des partis d’opposition ou des conservateurs «rebelles» – ont donc demandé un débat en urgence sur le retrait de l’Union européenne. Le charismatique président de la Chambre des Communes a donné son feu vert. Le contraire eut étonné. John Bercow a dénoncé «l’outrage constitutionnel» que représentait la décision de Boris Johnson de suspendre le Parlement pour une durée inhabituellement longue.
La première étape de cette guérilla parlementaire était le vote d’une motion leur permettant de reprendre le contrôle de l’agenda du Parlement. Les «anti-No deal» ont infligé mardi soir un cinglant revers à Boris Johnson, le texte étant adopté à 328 voix contre 301. Les vingt et un conservateurs «rebelles» qui ont voté contre le gouvernement devraient être exclus prochainement selon un porte-parole du premier ministre. L’étape suivante, ce mercredi, sera la présentation d’un texte de loi contraignant Boris Johnson à demander un nouveau report du Brexit au 31 janvier 2020 au cas où aucun compromis n’était trouvé avec Bruxelles d’ici le 19 octobre. Boris Johnson avait prévenu: si ce texte passait, il le prendrait comme un vote de défiance à son égard. Et il n’aurait d’autre alternative que de provoquer des législatives anticipées, pour le 14 octobre idéalement. Ce qu’il va faire, a-t-il annoncé mardi soir.
Source : Le Figaro