Le montant est important mais nécessaire pour venir à bout de ces épidémies d’ici à 2030. Ce jeudi, à Lyon, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme va tenter de le collecter.
La 6e conférence « de reconstitution des ressources » du Fonds mondial, pour la période 2020-2022, s’est ouverte ce mercredi après-midi au Centre des congrès de Lyon. Y étaient attendus plus de 700 participants, dont 10 chefs d’État et de gouvernement, principalement africains, avec en sus le milliardaire Bill Gates, premier contributeur privé à l’organisme via sa fondation, et le chanteur Bono, cofondateurs de l’association RED. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas un grand optimisme qui accompagne cette campagne qui s’ouvre pour doter le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. « Dans le contexte actuel, toute augmentation importante au-delà des 12,2 milliards de dollars » récoltés il y a trois ans, lors de la dernière conférence de refinancement du Fonds mondial, « sera considérée comme un succès », explique-t-on à l’Élysée alors que la France est cette année le pays hôte de la conférence. Il faut dire que, de l’avis de nombre d’observateurs, atteindre la barre de 14 milliards de dollars sera difficile. L’explication réside dans la « fatigue des donateurs » liée au fait que la cause du sida peut sembler moins urgente qu’il y a quelques années parallèlement au fait que de nombreux financements sont mobilisés pour la cause environnementale. Ainsi pour le Fonds vert pour le climat perçu comme plus urgent au regard des conséquences du réchauffement climatique mais aussi comme plus porteur du point de vue politique. « Il nous faut, à Lyon, 14 milliards de dollars », affirmait pourtant Emmanuel Macron il y a deux semaines, à l’Assemblée générale de l’ONU, soulignant que « plus personne ne peut comprendre que, pour des raisons financières (…), il soit aujourd’hui impossible d’accéder à des traitements pour prévenir ou guérir de telles maladies ».
Le montant en question, 14 milliards de dollars, a été fixé en janvier par le Fonds mondial, qui y voit un minimum pour se donner une chance d’atteindre l’objectif de l’ONU : mettre fin d’ici à 10 ans aux épidémies de sida, de paludisme et de tuberculose, les trois principales maladies infectieuses qui constituent une menace pour la santé mondiale. Il est pourtant jugé déjà insuffisant par de nombreuses ONG, qui s’appuient sur l’estimation d’experts indépendants calculant qu’il faudrait 16,8 à 18 milliards de dollars pour y parvenir. Pourtant, une quinzaine de pays donateurs ont déjà annoncé leur contribution, permettant d’assurer les trois quarts du montant final. Les États-Unis sont partis pour conserver leur rang de premier donateur avec un apport en hausse de 9 % à 4,68 milliards de dollars voté par le Congrès, qui reste à officialiser. De son côté, le Royaume-Uni, deuxième contributeur pour la période 2016-2019, a annoncé un montant de 1,44 milliard de livres (environ 1,7 milliard de dollars), en hausse de près de 20 %, tandis que l’Allemagne, qui occupe le quatrième rang, apportera 1 milliard d’euros (environ 1,1 milliard de dollars), soit une augmentation de 18 %.
L’atteinte de l’objectif final dépendra donc des montants engagés par le secteur privé et par la France, un des fondateurs du Fonds et deuxième donateur historique, mais qui n’a pas augmenté sa contribution depuis 2010, à 1,08 milliard d’euros. Si l’Élysée juge « tout à fait souhaitable » que la part du privé augmente (7 % du total aujourd’hui), il assure que « la France sera à la hauteur de son statut de deuxième contributeur historique », laissant à Emmanuel Macron la primeur de son annonce jeudi.
Source : Le Point