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Un pêcheur indonésien attrape l’ancêtre de Trump et de Macron

Au large de Papouasie occidentale, un marin a pêché un nouveau cœlacanthe, espèce fossile à l’origine de toutes les espèces terrestres y compris l’homme.

Le 1er juillet 2018, Dava Santoso pêche au large de l’île Waigo, en Papouasie occidentale, province de l’Indonésie. Ce membre d’un bataillon de la marine indonésienne aime se détendre en attrapant du poisson en compagnie de ses amis. Ce matin-là, en jetant sa ligne dans l’eau, il ne sait pas encore que la prise qu’il fera sera unique au monde. Que sa prise bouleversera les biologistes marins à la recherche de nos origines.

Soudain, il sent une touche, il ferre et mouline. C’est du gros. Il lui faut du temps pour remonter sa prise, car il l’a attrapée par 300 mètres de profondeur. La voici enfin hors de l’eau. Il l’empoigne et la jette dans le fond de son bateau. Mais bon sang, qu’est-ce que c’est que ce poisson long d’un mètre ? Santoso n’a jamais vu un tel monstre. Sa couleur est un mélange de brun, de noir et de gris foncé. Des points blancs parsèment son corps. Sans doute un mérou, se dit-il, sans en être convaincu.

Il prend alors le mystérieux poisson en photo pour le poster sur son compte Facebook. Et de demander si quelqu’un peut l’identifier. Et attendant, il fait griller sa prise et la mange avec ses amis. Délicieux ! Que n’a-t-il pas fait le malheureux ? Ce poisson n’est pas un mérou, mais l’illustre descendant d’une famille qui affiche 400 millions d’années. C’est un cœlacanthe ! Celui-là même ayant été qualifié de fossile vivant à l’origine de toutes les espèces animales terrestres, compris l’homme à cause de ses nageoires charnues et ossues préfigurant des pattes et de la présence d’une amorce de poumon. Le passage de l’eau à l’air se serait effectué voilà 360 millions d’années quand certaines espèces de coelacanthes auraient sorti la tête de l’eau pour donner naissance aux premiers amphibiens. Et puis, bien plus tard à l’homme, dont les « remarquables » Donald Trump et Emmanuel Macron.

Celui qui lui apprendra la nature de sa pêche exceptionnelle est le biologiste marin Kadarusman de l’Atelier des ressources côtières et marines. Dès qu’il voit la photo, il reconnaît un cœlacanthe, mais d’une couleur inhabituelle. Il se précipite chez Santoso, mais trop tard ! Santoso et ses amis ont déjà dévoré le poisson. Heureusement, mais heureusement, le biologiste trouve dans la poubelle du pêcheur un morceau de tête et un peu de chair non cuite. En tout cas, suffisamment pour effectuer de premiers tests sur l’ADN mitochondrial dans le laboratoire du ministère de la Mer et des Affaires de pêche à Jakarta.

Cet ADN est aussitôt comparé à celui des deux espèces de cœlacanthes connues : la comorienne (Latimeria chalumna), dont le premier exemplaire a été pêché en 1938 au large des Comores, et l’indonésienne (Latimeria menadoensis), dont le premier individu a été attrapé en 1997, au large des Célèbes. Le nouveau venu est plus proche de l’espèce indonésienne que de celle comorienne. Rien d’étonnant : il y a moins de 1 000 km entre les Célèbes et la province de Papouasie occidentale. Pour autant « le séquençage de l’ADN mitochondrial de ce spécimen, et la comparaison avec ceux de son voisin ont révélé des divergences génétiques significatives, de l’ordre de 1,2 %, suffisantes pour suggérer qu’il s’agit d’une nouvelle espèce », indique le biologiste de l’évolution Emmanuel Paradis. Selon les spécialistes, cette divergence génétique suggère une séparation de l’ordre de 13 millions d’années. Une éternité !

Par exemple, durant cette même période l’homme et l’orang-outang ont largement eu le temps de diverger à partir d’un ancêtre commun. Il n’y a pas que le temps qui compte dans le phénomène de spéciation, mais aussi l’isolement. Dans le cas présent, deux puissants courants océaniques cisaillent l’océan à la hauteur de la mer des Moluques depuis 20 millions d’années, créant une barrière infranchissable pour de nombreuses espèces, dont probablement le coelacanthe. Faut-il donc en conclure que les deux populations indonésiennes appartiennent à deux espèces différentes ? Pour répondre définitivement à cette question, il faudra attendre la découverte de nouveaux individus qui permettra une comparaison morphologie.

Source : Le Point

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