Le nouveau coronavirus a poursuivi mardi ses ravages à travers le monde qui, selon un expert de l’OMS, « n’est tout simplement pas prêt à y faire face ». Elle touche de plus en plus de pays : la maladie Covid-19 a déjà contaminé plus de 80 000 personnes à travers le monde, dont plus de 2 600 sont mortes, principalement en Chine, et concerne désormais plus d’une trentaine d’États.
Le monde n’est « tout simplement pas prêt à y faire face » a averti mardi Bruce Aylward, l’expert qui dirige la mission conjointe OMS/Chine, de retour de Pékin. « Vous devez être prêt à gérer cela à une plus grande échelle, et cela doit être fait rapidement », a-t-il ajouté.
Le virus se propage rapidement en Italie
En Europe, l’Italie est le pays européen le plus touché par le nouveau coronavirus avec 7 morts et près de 300 personnes contaminées. Trois nouvelles régions italiennes, la Toscane (centre), la Sicile (sud) et la Ligurie (nord-ouest) ont recensé des contaminations.
Tous les pays voisins de l’Italie « se sont engagés à garder ouvertes leurs frontières, car les fermer serait une erreur et disproportionnée », lors d’une réunion ministérielle à Rome entre Italie, France, Suisse, Autriche, Croatie, à laquelle étaient également présentes l’Allemagne et l’Union européenne. Ils ont aussi décidé d’« évaluer au cas par cas » l’éventuelle annulation d’événements majeurs, selon un communiqué commun.
Nous souhaitons être extrêmement clairs sur le fait qu’il n’y a pas lieu de fermer les frontières entre nos pays. Ce serait disproportionné et inefficace.
L’Autriche a annoncé deux premiers cas de coronavirus dans la région du Tyrol, frontalière de l’Italie. Un hôtel de la ville touristique d’Innsbruck, capitale de cette région du cœur des Alpes, a été mis en quarantaine. Une réceptionniste italienne contaminée par le virus y travaillait.
La Suisse a également annoncé un premier cas dans une région proche de l’Italie, tandis qu’en Croatie, un jeune homme revenu récemment d’Italie a été contaminé, premier cas connu dans les Balkans.
Un nouveau cas en Allemagne « vraisemblablement infecté en Italie, à Milan », a été annoncé ce mardi par les autorités du Bade-Wurtemberg. Ce qui porte à 17 le nombre de personnes infectées dans le pays.
Deux nouveaux cas en France
Deux nouveaux cas ont été confirmés en France, dont l’un rentrait d’Italie, selon le ministère français de la Santé, précisant que leur état de santé n’inspirait aucune inquiétude. Quatorze cas ont au total été détectés en France, un est mort et onze sont considérés comme guéris.
Les Français sont « invités » à reporter leurs voyages vers les régions d’Italie les plus touchées par l’épidémie, a déclaré mardi le secrétaire d’État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari.
Aux Canaries, plusieurs centaines de touristes sont confinés dans un hôtel de l’île espagnole de Tenerife où a séjourné un Italien qui pourrait être porteur du coronavirus.
La craindre d’une pandémie
Le directeur général de l’OMS avait averti lundi que le monde restait menacé de « pandémie », à savoir une épidémie d’ampleur internationale, surtout dans les pays pauvres.
Les autorités algériennes ont annoncé mardi un premier cas de nouveau coronavirus en Algérie, un Italien arrivé en Algérie le 17 février. Le seul cas confirmé de maladie en Afrique avait été jusqu’à présent recensé en Égypte.
Pompeo exige de l’Iran qu’il dise « la vérité ».
En Iran, la mission d’une équipe d’experts de l’OMS a été retardée, mais reste prévue. Téhéran a annoncé mardi , portant son bilan à 15 morts, le plus lourd en dehors de la Chine. Dans un trois nouveaux décès de vives tensions entre Washington et Téhéran, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a exigé de l’Iran qu’il dise « la vérité ».
Aux États-Unis, l’administration Trump prévoit de consacrer 2,5 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros) à la lutte contre la maladie. Les autorités sanitaires américaines ont dit mardi s’attendre à une propagation de l’épidémie encourageant les écoles, les entreprises et les gouvernements locaux à envisager des mesures de précaution comme l’annulation d’événements publics.
Les Émirats arabes unis ont suspendu mardi tous les vols en provenance et à destination de l’Iran, une décision qui concerne au premier chef l’aéroport de Dubaï, le plus grand du monde pour les passagers étrangers. Plusieurs pays de la région ont annoncé des cas de contamination chez des personnes de retour d’Iran.
En Corée du Sud la situation est « très grave »
En Corée du Sud, la situation est « très grave », s’est alarmé le président Moon Jae-in, alors que le nombre de contaminations a encore bondi pour atteindre près d’un millier de cas. Le pays, qui compte désormais 10 morts et 1146 cas confirmés, est ainsi le premier foyer mondial de contamination après son voisin chinois. Un soldat américain en poste en Corée du Sud a été testé positif.
Vêtu d’une combinaison de protection et d’un masque, le président sud-coréen Moon Jae-in s’est rendu ce mardi à Daegu, la ville qui concentre plus de 80% des contaminations dans le pays : « La situation est très grave, nous avons proclamé l’état de catastrophe dans la zone spéciale, mais cette mesure ne suffit pas. Le gouvernement va concentrer ses capacités au niveau national et en collaboration avec Daegu et la province du Gyeongsang du nord, pour remporter la bataille contre le virus. Le gouvernement a déployé ses services d’assistance à grande échelle sur tout le territoire national, en envoyant l’armée, la police et les personnels médicaux du secteur privé. Le problème c’est le temps et la rapidité […] Le gouvernement va très rapidement débloquer un budget d’urgence, notamment des subventions spéciales et des fonds de réserve. »
Non loin de là, le Japon a annoncé le décès d’un quatrième passager issu du paquebot Diamond Princess où près de 700 personnes ont été contaminées. La maladie concerne désormais également en Asie la Thaïlande et Singapour.
En Chine, où le coronavirus est apparu en décembre à Wuhan, dans le centre du pays le bilan humain de mardi s’avérait moins dramatique. Le pays a enregistré 52 nouveaux décès en 24 heures, le chiffre le plus bas depuis près de trois semaines.
D’après l’OMS, l’épidémie a déjà atteint un pic dans ce pays, où elle a contaminé quelque 77 000 personnes dont près de 2 600 sont mortes, selon l’OMS. En dehors du Wuhan, toujours en quarantaine, la vie semblait reprendre un cours un peu plus normal, notamment à Pékin où la circulation automobile s’intensifiait légèrement.
Giuseppe Conte appelle à une réponse centralisée
En Italie, l’inquiétude est vive au sein de la population et des polémiques politiques ont éclaté entre le gouvernement et les présidents de régions. Giuseppe Conte a appelé à une coordination de la réponse sanitaire sur l’ensemble du territoire.
Alors que certains élus de la Ligue voudraient fermer les frontières, y compris entre régions italiennes, le président du Conseil appelle au calme, il n’en est pas question. Pas question non plus que les régions, qui ont beaucoup d’autonomie, partent en ordre dispersé avec des mesures inutiles voire contre-productives, a expliqué Giuseppe Conte.
L’avertissement vaut au niveau municipal. Sant’Agata de’ Goti, petite commune de la région de Naples, la maire reconnaît qu’elle a suspendu les cours uniquement pour calmer un vent de panique dans la population, après un voyage scolaire à Milan alors que personne ne présente de symptômes. Depuis une coordination s’est mise en place.
« On s’est réunis entre maires des communes voisines, pour essayer d’aller dans la même direction, explique Giuseppina Piccoli. Parce que chacun se sentait libre de faire ce qu’il voulait. Certains ont fermé les écoles d’autres non. La direction qu’on a retenue, c’est de s’en tenir aux directives de base : on ne doit s’inquiéter que lorsque quelqu’un présente des symptômes et a été en contact avec une personne à risque. »
Alors que le nombre de cas continu à augmenter dans le pays, Giuseppe Conte a déclaré que face à l’urgence les divisions politiques n’avaient pas droit de cité et il a remercié les présidents de région pour leur solidarité.
Les voyageurs prennent des précautions à Roissy
En France, sans tomber dans la psychose, les voyageurs de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, dans le nord de Paris, prennent leurs précautions. Certains sont même équipés de masques pour se protéger.
Masque et lunettes de protection sur le visage, Liu Hong Yu se presse dans les couloirs du Terminal 2 de Roissy-Charles-de-Gaulle. Il vient de Pékin, en Chine pour un voyage d’affaires en Europe. Et il est surpris du manque d’équipement des vacanciers.
« Je n’arrive pas à croire que personne ne porte de masque, ça n’a aucun sens. Parce que vous ne savez pas d’où ils viennent, qui ils sont ? Viennent-ils de Corée, viennent-ils d’Iran, viennent-ils d’Italie ? Vous ne savez pas. Je pense que tout le monde devrait prendre soin de soi. »
Chiara aussi porte un masque. La jeune étudiante revient du nord de l’Italie, de Bologne pour reprendre les cours en France. Et elle n’a subi aucun contrôle.
« Mon voyage s’est bien passé. Ils ne m’ont rien demandé, n’ont pas pris ma température. Rien. Ici à Paris et en Italie. Je pense qu’ils devraient prendre la température, c’est ce que je pensais. Qu’ils devraient plus contrôler, mais ils ne font rien, donc… »
Certains voyageurs prennent alors des précautions, comme Cassia originaire de Sao Paulo, au Brésil. Elle est venue visiter l’Europe avec ses trois enfants.
« Toutes les heures, on passe du gel hydro-alcoolique. On essaye de ne pas toucher les choses avec nos mains et on évite d’être trop près des autres personnes. On a pensé à annuler le voyage, mais c’était le rêve de tout le monde. »
L’aéroport Roissy-Charles de Gaulle garantit aux voyageurs en provenance d’Italie la distribution d’affichettes. Mais aussi la présence d’équipes médicales pour les informer, les rassurer et les prendre en charge.
Le racisme anti-asiatique se développe
Plus d’un mois après la propagation du virus, le racisme anti-asiatique se développe de plus en plus en France. Pour lutter contre la multiplication des propos anti-stigmatisants, SOS Racisme a lancé ce mardi une nouvelle campagne sur les réseaux sociaux. Une campagne qui a également été revelée mardi matin dans le quotidien Le Parisien. Pour Dominique Sopo, le président de l’association il y avait urgence a réagir.