Genève. Les constructeurs prônent le réemploi de matériaux dans leurs voitures, une façon de viser un modèle vertueux sans sacrifier le confort.
De Dacia on pouvait l’attendre ; de la part d’Audi, ostensiblement centrée sur la clientèle premium, c’est une surprise de taille. Mais qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse, la marque aux anneaux est parvenue à concevoir un revêtement de siège de haute qualité tissé à partir de fibres polyester (PET) tirées du recyclage de bouteilles en plastique. C’est la quatrième génération de l’Audi A3, dévoilée début mars au Salon de Genève, qui sera la première à l’utiliser, avant qu’Audi ne généralise cette solution écologique.
Audi a évalué à 45 le nombre nécessaire de bouteilles en plastique pour recouvrir un siège. En cela, elle ne fait que reprendre une idée qui est déjà exploitée dans le milieu de la mode, où l’on produit des bijoux, des sacs et des tissus à partir de bouteilles récupérées après usage. Sans entamer son standing, la marque aux anneaux a réussi à concevoir un tissu répondant au cahier des charges très strict de l’automobile tout en satisfaisant aux critères des designers et de la qualité.
Alors que le recyclage de matériaux visait surtout jusqu’à présent les panneaux insonorisants réalisés à partir de fibres recyclées, plusieurs constructeurs se sont penchés sur la réaffectation des matériaux supposés en fin de vie pour les régénérer dans une toute nouvelle fonction. Comme dans l’industrie du meuble qui conçoit des éléments fabriqués à partir de déchets, tels que des lambeaux de papier, des bouteilles en plastique, des copeaux de bois, les tableaux de bord et les garnissages de contre-portes fournissent des terrains d’expression à ces nouveaux usages.
89 % du tissu recyclé
Audi est allée plus loin et propose, pour la première fois pour la nouvelle A3, un revêtement de siège en matériau recyclé. Elle précise qu’elle utilise jusqu’à 45 bouteilles en PET d’une capacité de 1,5 litre par système de siège et complète sa démarche écologique en fabriquant les rembourrages internes à partir de matières premières secondaires.
« Jusqu’à 89 % du textile utilisé est constitué de bouteilles recyclées, qui sont transformées en fils selon une procédure élaborée. Il en résulte des tissus qui garantissent les mêmes normes de qualité en termes d’apparence et de toucher que le rembourrage textile conventionnel », assure Audi.
Actuellement, la garniture des sièges n’est pas encore entièrement réalisée en matériau recyclable, mais c’est une question de mois. « La sous-couche de matériau tissé, qui est reliée au matériau supérieur avec de l’adhésif, pose encore un problème. Nous travaillons à la remplacer par du polyester recyclable », explique Ute Grönheim, responsable du développement des matériaux dans la division textile d’Audi.
« Notre objectif est de fabriquer la garniture de siège entièrement à partir de matériaux non mélangés afin qu’elle puisse être recyclée à nouveau. Nous n’en sommes plus très loin. » À long terme, parie Audi, toutes les garnitures de siège de toutes les séries de modèles seront en matériau recyclé !
Audi estime que sa toute nouvelle A3, disponible en trois présentations différentes qui pourront être combinées à du cuir artificiel, absorbe pour sa construction une centaine de bouteilles au total et 62 de plus pour les tapis de sol. L’objectif est clair : le pourcentage de matériaux recyclés dans la flotte Audi devrait augmenter considérablement dans les années à venir sans entamer le haut niveau de qualité attendu par les habitués de la marque.