Sa principale usine européenne est anglaise et dépend d’un accord douanier entre le Royaume-Uni et l’UE. Rencontre avec le président de Nissan Europe.
Nissan n’en a pas fini avec les turbulences. La semaine dernière, le groupe japonais a une nouvelle fois abaissé ses prévisions pour son exercice 2019-2020 (qui sera clos fin mars) et accusé une perte trimestrielle de plus de 200 millions d’euros. En outre, il subit de plein fouet l’épidémie de coronavirus en Chine, son premier marché où il réalise environ un quart de ses ventes : en 2018, il y a vendu 1,5 million de véhicules.
Théoriquement, l’Europe, en meilleure forme que l’empire du Milieu, devrait lui redonner du baume du cœur. Mais le Brexit est une épée de Damoclès qui pèse sur ses perspectives sur le Vieux Continent. En effet, sa principale usine européenne se situe à Sunderland, au Royaume-Uni. La société nipponne y produit ses modèles les plus vendus : la Leaf, le tout nouveau Juke, et doit y assembler la prochaine génération de Qashqai. Sunderland exporte 75 % de sa production, essentiellement vers l’Europe.
Tarifs douaniers
« Le Brexit en soi ne pose pas de problème. Ce qui compte, ce sont les conséquences en termes de tarifs douaniers. Nous partons du principe que le Royaume-Uni et l’Union européenne vont trouver un accord avant la fin de l’année qui puisse satisfaire les besoins de l’usine de Sunderland », dit Gianluca de Ficchy, président de Nissan Europe, lors d’une rencontre avec un groupe de journalistes au siège européen du groupe à Montigny-Le-Bretonneux (Yvelines). Mais que se passera-t-il faute accord ? Nissan devrait quitter l’Europe, où elle emploie 16 000 personnes et a vendu 560 000 unités en 2019. « Sans accord, avec des tarifs à 10 %, le modèle économique de Nissan Europe dans son ensemble ne sera plus viable », reconnaît Gianluca de Ficchy.
Serait-il possible de déplacer la production de Sunderland vers un autre site sur le continent, notamment de Renault ? « Cela pourrait être une solution, mais en termes de délais et de coûts, ce serait difficile à gérer. Vous devez arrêter de vendre, dire aux concessionnaires de patienter un an ou deux, et donc perdre 2 000 concessionnaires. Aujourd’hui, notre hypothèse est de rester en Europe avec notre usine en Angleterre. » Pour son SUV X-Trail, produit au Japon, Nissan a un temps envisagé de transférer la production à Sunderland avec le soutien du gouvernement anglais. Finalement, le projet a été abandonné. « Cela avait été validé pour faire des économies. Malheureusement, à cause de l’incertitude, nous n’avons pas justifié un nouvel investissement dans cette usine européenne », relate le patron de Nissan Europe. Tout dépendra donc de la tournure des négociations entre le gouvernement de Boris Johnson et la Commission européenne de Ursula von der Leyen