La chloroquine, un antipaludique bien connu, permettrait de traiter efficacement le Covid-19 selon des chercheurs chinois. Une annonce amplifiée par le Pr Didier Raoult selon lequel cela sonnerait “la fin de partie” pour l’épidémie de coronavirus. Explications.
Fin de partie !” pour l’épidémie de Covid-19 ? C’est le titre de la vidéo d’une annonce spectaculaire, celle du Pr Didier Raoult, directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée-Infections de Marseille dans la séquence publiée le 25 février 2020 par le prestigieux centre de recherche (voir ci-dessous). A la source de cette nouvelle, deux publications chinoises qui dévoilent l’intérêt potentiel d’un antipaludique connu de longue date, la chloroquine, pour accélérer la guérison des patients atteints par le nouveau coronavirus chinois. “Il est démontré que le phosphate de chloroquine, un ancien médicament pour le traitement du paludisme, a une efficacité apparente et une innocuité acceptable contre la pneumonie associée au Covid-19 dans le cadre d’essais cliniques multicentriques menés en Chine”, écrit ainsi une équipe de pharmacologues de l’hôpital universitaire de Qingdao (province du Shandong – Chine). Si le Covid-19 est bénin dans 85% des cas, un tel traitement permettrait de prendre en charge les cas modérés à sévères. Les chercheurs font état de plusieurs essais dans 10 hôpitaux chinois incluant 100 patients au total, un échantillon encore assez limité.
La chloroquine contre le coronavirus : des données cliniques encore limitées
Il va falloir continuer d’évaluer l’efficacité de la chloroquine, mais un consensus d’experts recommande dans les articles scientifiques cités ci-dessus d’inclure, en Chine, le phosphate de chloroquine dans les recommandations de prise en charge des patients, à raison de 500 mg deux fois par jour pendant 10 jours. L’avantage d’une telle stratégie ? Cet antipaludique est immédiatement disponible et peu coûteux, le médicament étant utilisé depuis longtemps. Reste que l’annonce du Pr Didier Raoult a été vivement critiquée par nombre de médecins et scientifiques français sur les réseaux sociaux pour son manque de pondération. De fait, les données cliniques sont encore limitées, et la prise de chloroquine peut provoquer des effets secondaires potentiellement sérieux (voir plus bas).
La chloroquine, dose recommandée et effets secondaires
Interrogé par Sciences et Avenir, le Didier Raoult balaie les critiques : “Nous utilisons la chloroquine depuis longtemps dans notre équipe pour traiter certaines infections bactériennes. Certains de nos patients ont été traités pendant 2 ans ainsi, nous connaissons les effets secondaires potentiels. Par ailleurs, il faudrait commencer à prendre au sérieux les scientifiques chinois, en particulier les virologues, qui comptent parmi les meilleures équipes au monde.”
En l’occurence, deux risques liés à la chloroquine ont été évoqués par le passé. D’abord celui d’atteintes rétiniennes pouvant même conduire à la cécité dans certains cas. Mais cela concerne une prise au long cours de ce médicament (plusieurs années). Dans le cas du Covid-19, il s’agirait de traiter les malades durant une dizaine de jours. “Toutefois, 500 mg deux fois par jour est certes une dose importante”, admet Didier Raoult. L’autre effet indésirable est celui d’une intoxication aiguë bien documentée, susceptible de déclencher des problèmes cardiaques ou respiratoires. La dose recommandée par les chercheurs chinois approche cette zone de risque (20 mg/kg/jour à ne pas dépasser, soit 1200 mg pour une personne de 60 kg, 1500 mg pour 75 kg, selon le Vidal).
Vers un essai clinique contre les coronavirus avec la chloroquine en France ?
“L’histoire de la chloroquine comme antiviral, c’est un feuilleton qui nous offre un nouvel épisode à chaque virus émergent”, tempère la Pr Astrid Vabret, cheffe du service de virologie au CHU de Caen. On sait que ça marche bien in vitro sur les virus enveloppés comme l’est ce nouveau coronavirus. Mais les données cliniques restent très limitées.” Hors de question donc de se précipiter sur le médicament.
“Fin de partie !” pour l’épidémie de Covid-19 ? C’est le titre de la vidéo d’une annonce spectaculaire, celle du Pr Didier Raoult, directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée-Infections de Marseille dans la séquence publiée le 25 février 2020 par le prestigieux centre de recherche (voir ci-dessous). A la source de cette nouvelle, deux publications chinoises qui dévoilent l’intérêt potentiel d’un antipaludique connu de longue date, la chloroquine, pour accélérer la guérison des patients atteints par le nouveau coronavirus chinois. “Il est démontré que le phosphate de chloroquine, un ancien médicament pour le traitement du paludisme, a une efficacité apparente et une innocuité acceptable contre la pneumonie associée au Covid-19 dans le cadre d’essais cliniques multicentriques menés en Chine”, écrit ainsi une équipe de pharmacologues de l’hôpital universitaire de Qingdao (province du Shandong – Chine). Si le Covid-19 est bénin dans 85% des cas, un tel traitement permettrait de prendre en charge les cas modérés à sévères. Les chercheurs font état de plusieurs essais dans 10 hôpitaux chinois incluant 100 patients au total, un échantillon encore assez limité.
La chloroquine contre le coronavirus : des données cliniques encore limitées
Il va falloir continuer d’évaluer l’efficacité de la chloroquine, mais un consensus d’experts recommande dans les articles scientifiques cités ci-dessus d’inclure, en Chine, le phosphate de chloroquine dans les recommandations de prise en charge des patients, à raison de 500 mg deux fois par jour pendant 10 jours. L’avantage d’une telle stratégie ? Cet antipaludique est immédiatement disponible et peu coûteux, le médicament étant utilisé depuis longtemps. Reste que l’annonce du Pr Didier Raoult a été vivement critiquée par nombre de médecins et scientifiques français sur les réseaux sociaux pour son manque de pondération. De fait, les données cliniques sont encore limitées, et la prise de chloroquine peut provoquer des effets secondaires potentiellement sérieux (voir plus bas).
La chloroquine, dose recommandée et effets secondaires
Interrogé par Sciences et Avenir, le Didier Raoult balaie les critiques : “Nous utilisons la chloroquine depuis longtemps dans notre équipe pour traiter certaines infections bactériennes. Certains de nos patients ont été traités pendant 2 ans ainsi, nous connaissons les effets secondaires potentiels. Par ailleurs, il faudrait commencer à prendre au sérieux les scientifiques chinois, en particulier les virologues, qui comptent parmi les meilleures équipes au monde.”
En l’occurence, deux risques liés à la chloroquine ont été évoqués par le passé. D’abord celui d’atteintes rétiniennes pouvant même conduire à la cécité dans certains cas. Mais cela concerne une prise au long cours de ce médicament (plusieurs années). Dans le cas du Covid-19, il s’agirait de traiter les malades durant une dizaine de jours. “Toutefois, 500 mg deux fois par jour est certes une dose importante”, admet Didier Raoult. L’autre effet indésirable est celui d’une intoxication aiguë bien documentée, susceptible de déclencher des problèmes cardiaques ou respiratoires. La dose recommandée par les chercheurs chinois approche cette zone de risque (20 mg/kg/jour à ne pas dépasser, soit 1200 mg pour une personne de 60 kg, 1500 mg pour 75 kg, selon le Vidal).
Vers un essai clinique contre les coronavirus avec la chloroquine en France ?
“L’histoire de la chloroquine comme antiviral, c’est un feuilleton qui nous offre un nouvel épisode à chaque virus émergent”, tempère la Pr Astrid Vabret, cheffe du service de virologie au CHU de Caen. On sait que ça marche bien in vitro sur les virus enveloppés comme l’est ce nouveau coronavirus. Mais les données cliniques restent très limitées.” Hors de question donc de se précipiter sur le médicament.
Didier Raoult, lui, se projette déjà : “Nous voulons mettre sur pied un essai clinique en France pour tester la chloroquine sur les patients infectés par des coronavirus déjà connus et qui circulent chaque année en France – sans que personne ne s’en soucie vraiment d’ailleurs. Pourtant, depuis le début de l’année, nous avons diagnostiqué 500 patients atteints de ces autres coronavirus, dont deux sont décédés. C’est sur ces profils que je veux tester cette stratégie désormais.”
En effet, quatre souches de coronavirus circulent déjà chaque année en France. “Il est important de savoir que la panique est toujours plus dangereuses que les virus, insiste le Pr Raoult. Or ce nouveau coronavirus ne mérite vraiment pas qu’on panique. Je persiste à dire que comme les autres virus saisonniers, il a de fortes chances de disparaître avec le printemps. Au pire, au lieu d’avoir 13 virus qui donnent des infections saisonnières, nous en auront 14. Mais je doute que cela fasse une différence significative sur la mortalité hivernale.”
Le ministre français de la Santé, Olivier Véran, a assuré s’être entretenu à plusieurs reprises avec Didier Raoult : “Il m’a fait part de ses observations et des études qu’il mettait en évidence, que j’ai fait remonter à la direction générale de la santé qui est en train de faire toutes les analyses”.
Source : Sciences et Avenir