Texte par : Aziza NAIT SIBAHA
Fin février, le Liban annonçait un premier cas positif de Covid-19. Depuis, les mesures ont été durcies pour faire respecter le confinement et une “mobilisation générale” a été décrétée par le gouvernement. La ministre libanaise de l’Information, Manal Abdel Samad, a répondu aux questions de France 24 concernant la situation actuelle.
France 24 : Le Liban se bat contre le Covid-19 depuis un mois et les forces de sécurité ont été déployées pour faire respecter le confinement. Toutefois, le nombre de cas continue d’augmenter. Comment évaluez-vous la situation à ce jour ?
Manal Abdel Samad, ministre de l’Information du Liban : Le gouvernement s’est mobilisé dès la découverte du premier cas identifié au Liban, le 21 février, en prenant toutes les mesures nécessaires sans aucune négligence. En effet, le ministre de la Santé a demandé aux autorités sanitaires de contacter les passagers du vol emprunté par la malade et les deux cas suspects ont été mis en isolation à leur domicile avant d’être transférés à l’hôpital gouvernemental Rafik-Hariri. Une décision a été prise dès lors de mettre tous les passagers en provenance de pays suspects en quarantaine pour une durée de quinze jours. Plusieurs mesures ont été prises depuis pour empêcher la propagation du virus, notamment la formation d’une cellule de crise ministérielle, chargée de suivre de près l’évolution de l’épidémie. Nous avons également lancé une campagne de sensibilisation à travers les médias publics et privés.
Au fur et à mesure que le nombre de personnes contaminées augmentait, de nouvelles mesures étaient prises notamment la fermeture des écoles et des universités depuis le 29 février, puis l’état de mobilisation générale et les mesures de confinement.
Des cellules de crise ont été formées dans les municipalités pour répondre aux besoins des citoyens. La mobilisation générale est proclamée jusqu’au 29 mars. Durant cette période, les citoyens sont appelés à rester confinés chez eux, les commerces à fermer leurs portes – sauf les pharmacies et les supermarchés. Les frontières maritimes, terrestres et aériennes resteront également fermées. Cette rapide intervention de la part du gouvernement explique la lente propagation du virus et le nombre limité de décès jusqu’à présent.
Quant aux nouveaux cas identifiés, ce sont des proches de personnes infectées qui étaient isolées et surveillées par les services sanitaires ou bien des personnes qui sont entrées au Liban avant la fermeture des frontières en provenance de pays non classés comme foyers de contamination.
Le gouvernement a décrété l’état d’urgence et chargé les services de sécurité d’interdire les rassemblements et les déplacements, sauf pour les cas d’urgence.
Dans le secteur public, c’est l’hôpital Rafik-Hariri qui se charge de la prise en charges des malades atteints du Covid-19. Comment s’organise la collaboration avec le secteur privé ?
Le cabinet a demandé aux hôpitaux privés de se mobiliser. Plusieurs centres de traitement sont déjà opérationnels à Beyrouth et dans les régions. Les hôpitaux privés sont appelés à assumer leurs responsabilités aux côtés des hôpitaux publics dans les travaux de dépistage, d’isolement et de traitement des personnes contaminées. Sans oublier les hôpitaux gouvernementaux dans les différentes régions libanaises qui sont mobilisés pour recevoir les personnes infectées.
Le coût d’une journée d’hospitalisation est assez élevé, ainsi que le coût de protection des secouristes eux-mêmes. Comment comptez-vous faire dans un pays déjà étranglé financièrement par la crise économique ?
Le gouvernement libanais, conscient de la crise économique qui pèse sur les citoyens, a approuvé une loi prévoyant le report des délais légaux et judiciaires, et créé un fonds pour recevoir les dons des Libanais. Un plan a également été mis en place pour aider les familles démunies. Sans oublier la surveillance des prix pour empêcher une éventuelle hausse.
Concernant le coût de l’hospitalisation, le conseil des ministres a approuvé un financement de 40 millions de dollars octroyé par la Banque mondiale aux hôpitaux gouvernementaux dans le cadre du “Health resilience project”.
Quant aux hôpitaux privés, je pense que c’est un moment de solidarité que nous vivons tous et nous devons resserrer nos rangs pour faire face à cette épidémie.
Pour les prises en charge des malades, comment comptez-vous gérer les citoyens qui n’ont pas de couverture maladie ?
Nous sommes en train de débattre de ce sujet en conseil des ministres et j’espère qu’on va lui trouver une issue convenable dans les plus brefs délais.