Pour faire face au virus, l’hypothèse de l’immunité collective – le pourcentage de population immunisée contre le virus – , a souvent été mise sur la table. Or, il faudrait au moins 60% de la population contaminée pour obtenir une immunité, sans certitude de sa durée et de son efficacité. Avec les mesures de confinement, la circulation du virus a été amoindrie.
Peut-on compter sur l’immunité collective de la population pour combattre le coronavirus ? Emmanuel Macron a évoqué le sujet lundi soir lors de son allocution. Selon lui, ce pourcentage de la population étant immunisé contre le Covid-19 est trop faible. Vrai signal favorable à un déconfinement, il ne devrait pas augmenter rapidement avec les mesures de confinement en place qui limitent la circulation du virus. Mais peut-on tout miser sur cette immunité ? Est-elle durable ? Plusieurs scientifiques doutent.
“Il faudrait au moins 60, 65% de la population contaminée”
Dans un premier temps, sans tests sérologiques (prises de sang), il est délicat d’estimer le pourcentage de la population française immunisée. Certains chercheurs avancent le chiffre de 3 à 5%, d’autres plus optimistes tablent sur un pourcentage entre 10 à 15%.
“Il faudrait au moins 60, 65% de la population contaminée pour que l’épidémie s’effondre d’elle-même”, explique Eric Vivier, membre de l’académie de médecine et professeur d’immunologie à Marseille. “D’un autre côté, on a imposé un confinement de la population, limitant les risques d’infection, donc il n’est pas étonnant que la séroprévalence soit faible.”
Le vaccin, pour une immunité longue durée
D’autant qu’il faut entre 21 et 28 jours pour que l’organisme, une fois malade, développe des anticorps. Un délai bien trop long, et qui n’est pas la garantie du succès. Une étude chinoise affirme que certains patients atteint du Covid-19 ne seraient même pas immunisés. “Si l’immunité a été maltraitée par l’infection elle-même, elle n’a pas été capable d’induire les mémoires suffisantes”, décrypte Frédéric Tangy directeur du laboratoire d’innovation médicale à l’Institut Pasteur. “Deuxième observation, pour les coronavirus, on sait déjà que l’immunité n’est pas forcément de très long terme.”
Pour lui une seule solution : une vaccination généralisée. “Par contre, avec un vaccin on peut être capable d’induire une immunité de long terme”, ajoute-t-il. Reste à trouver ce vaccin. L’Institut Pasteur estime pouvoir lancer les premiers essais cliniques dès cet été pour une première campagne de vaccination dans six à huit mois. Le professeur Michel Kazatchkine, médecin immunologiste clinique avait estimé la mise au point d’un vaccin “dans les 18 mois à 2 ans”.
Sdurce : Europe 1