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A Minneapolis, dans l’épicentre des émeutes qui enflamment les États-Unis

De nouveaux heurts ont éclaté pour dénoncer l’assassinat d’un Noir par un policier.

Le croisement de la 38e rue et de l’avenue de Chicago a été transformé en mausolée en plein air à la mémoire de George Floyd. Le portrait de cet homme noir mort pendant son interpellation lundi dernier par la police municipale a été peint avec des couleurs pop sur la façade de brique du magasin Cup Foods. Autour de son visage, un tournesol géant dont le cœur est couvert par les noms de dizaines de Noirs tués par la police américaine. Des gerbes de fleurs sont étalées sur le trottoir.

C’est dans ce petit supermarché que Floyd aurait donné un faux billet de 20 dollars au caissier, conduisant ce dernier à appeler la police. Et c’est sur ce trottoir que Floyd, extrait de sa voiture et menotté par les policiers, est mort. Ses dernières paroles, «je n’arrive pas à respirer», prononcées alors que l’agent Derek Chauvin le maintient plaqué au sol pendant 8 minutes et 46 secondes, un genou sur la nuque, sont devenues le slogan des manifestations .

Des milliers de manifestants ont d’abord défilé pacifiquement en mémoire de George Floyd. Mais dans la nuit, la situation a dégénéré auprès d’un commissariat du sud de la ville, avec plusieurs commerces incendiés, de nouveaux pillages et de nombreuses dégradations.

Les soldats et policiers anti-émeutes ont tiré des gaz lacrymogènes et des fumigènes pour éviter que ce commissariat ne subisse le même sort qu’un autre, incendié la veille au soir après avoir été déserté par ses occupants.

«La situation est extrêmement dangereuse», a lancé le gouverneur de l’Etat Tim Walz lors d’une conférence de presse improvisée au milieu de la nuit pour appeler au calme. «Il n’y a rien d’honorable à brûler votre ville», a renchéri, à ses côtés, le maire Jacob Frey.
La tension est également montée dans le reste du pays. Des centaines de personnes se sont rassemblées devant la Maison Blanche à Washington mais aussi à New York, Dallas, Houston, ville d’origine de la victime, ou encore Las Vegas, Des Moines, Memphis et Portland. A Atlanta, des véhicules de patrouille de la police ont été brûlés.

Partout, les manifestants ont dénoncé les bavures policières et les disparités raciales. Et surtout, ils ont exigé justice pour George Floyd qui, selon une vidéo devenue virale, semble avoir été asphyxié par la police.

Le policier blanc Derek Chauvin que l’on a vu maintenant son genou pendant de longues minutes sur le cou du quadragénaire, a été arrêté vendredi et inculpé pour «homicide involontaire» et «acte cruel et dangereux ayant causé la mort».

La famille de la victime a salué ce développement comme un premier pas sur «la voie de la justice», mais l’a jugée «tardif» et insuffisant. «Nous voulons une inculpation pour homicide volontaire avec préméditation. Et nous voulons voir arrêtés» les trois autres agents impliqués dans le drame, a-t-elle affirmé dans un communiqué.

Ces derniers ont immédiatement été licenciés, comme Derek Chauvin, mais ne font encore l’objet d’aucune poursuite. «Il faut qu’ils enferment ces gars», a lancé dans la nuit une femme noire de 34 ans croisée à Minneapolis, qui a requis l’anonymat. «C’est trop tard, maintenant tout va brûler», a-t-elle regretté, alors qu’un groupe de pilleurs entraient dans la boutique d’un prêteur sur gage.

Selon les autorités, des tirs ont visés des policiers non loin de là. Pour faire face à la gravité de la situation, des renforts militaires vont être portés à 1.700 à Minneapolis et dans la ville voisine de Saint-Paul, d’ici à samedi soir, a annoncé dans la nuit le major-général Jon A Jensen, qui dirige la Garde nationale du Minnesota.

Le président «a demandé au Pentagone de placer des unités de l’armée en alerte pour qu’elles puissent éventuellement intervenir à Minneapolis», a-t-il ajouté en estimant «prudent d’étendre les options disponibles» pour sécuriser la ville.

Donald Trump, qui a dénoncé à plusieurs reprises un crime «tragique», s’en est pris jeudi aux «casseurs». «Les pillages seront immédiatement accueillis par les balles», a-t-il ajouté dans un tweet, que le réseau social a décidé de signaler comme une «apologie de la violence».

Sur un ton diamétralement opposé, son prédécesseur démocrate Barack Obama a dit partager «la détresse» des millions d’Américains noirs, pour lesquels «être traités différemment sur la base de la race est tragiquement, douloureusement et de façon rageante normal».

L’émotion a dépassé les frontières américaines, et des appels à rendre justice à George Floyd se multipliaient sur les réseaux sociaux dans plusieurs pays.

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