La circulation du Covid-19 reprend inexorablement son cours. Face à cette recrudescence, les pays en proie à l’épidémie durcissent les mesures de protection, en imposant notamment le port du masque. Longtemps mis de côté en France, cet accessoire est désormais obligatoire dans tous les établissements clos recevant du public.
Plusieurs villes du littoral, dont La Rochelle et Argelès-sur-Mer, ont même imposé le masque en plein air dans les quartiers les plus fréquentés. L’Espagne, l’Autriche, la Belgique, l’Italie ou encore le Royaume-Uni adoptent, les uns après les autres, la même ligne de conduite. Les scientifiques semblent unanimes pour affirmer que le port du masque permet de limiter la propagation du virus.
“Charge virale moins importante”
Mais certains vont plus loin et estiment qu’il permet également de limiter la charge virale du coronavirus quand il est transmis, rapporte le New York Times, relayant une information publiée dans Le journal de la médecine interne générale.
“Le masque empêche le virus de passer. Mais si des particules parviennent à passer cette barrière, elles apportent une charge virale moins importante” que sans masque, explique au quotidien américain le Dr Monica Gandhi, médecin spécialiste des maladies infectieuses à l’Université de San Francisco, en Californie.
Se protéger le visage avec un masque permet, selon la scientifique, d’être touché par moins de particules, permettant ainsi à l’organisme d’avoir à combattre une maladie présente en plus faible quantité.
L’exemple des contaminations sur les croisières
Si le lien de cause à effet n’a pas été scientifiquement établi, des chercheurs en Chine ont mené des expériences dont les résultats se rapprochent de cette hypothèse. Ils ont fait cohabiter des hamsters sains et d’autres infectés par le Covid-19. Certains étaient placés dans des zones protégées par des masques. Il en est ressorti que la plupart des animaux sains dans les zones protégées n’ont pas été contaminés par la maladie. Et ceux qui n’ont pas échappé au virus ont été beaucoup moins malades que ceux qui n’étaient pas protégés par un masque.
Pour étayer son propos, le Dr Gandhi s’appuie sur l’exemple des clusters qui se sont développés sur des bateaux de croisière. Sur le Diamond Princess – resté en quarantaine au large du Japon durant tout le mois de février – 700 des 4000 passagers ont attrapé le virus. 80% des personnes infectées ont contracté les symptômes classiques de la maladie, note Monica Gandhi, rappelant qu’ils n’avaient pas de masques.
En revanche, sur le Zaandam qui a quitté l’Argentine le 7 mars, des masques chirurgicaux ont été distribués à tous les passagers après que des cas ont été détectés à bord. Le niveau de cas symptomatiques s’est limité à 20% des personnes contaminées, affirme la scientifique, voyant ici un lien évident entre le port du masque et une forme moins agressive de la maladie.
Une théorie qui demande “plus de recherches”
L’idée que le port du masque puisse amoindrir la gravité de la maladie quand elle est transmise “est complètement sensée”, abonde Linsey Marr, une experte en transmission de virus chez Virginia Tech. “C’est un autre bon argument pour inciter à porter des masques.”
“C’est une véritable lacune dans la communication de dire que le port du masque ne protège que les autres”, soutient au New York Times Charles Haas, ingénieur en environnement et expert en évaluation des risques à la Drexel University.
Reste que cette thèse manque de fondements scientifiques et certains chercheurs la remettent en question. “Ce que le papier du Dr. Gandhi met en avant n’est qu’une théorie et demande plus de recherche”, estime Nancy Leung, épidémiologiste à l’Université de Hong Kong, qui peine à croire que la protection ait une influence sur les symptômes. Mais pour Monica Gandhi, c’est une bien piste supplémentaire qui atteste de la nécessité de porter un masque dans l’espace public.
Source : BFMTV