En ces temps de déconfinement, une question est sur toutes les lèvres : quand pourra-t-on vivre sans masque ? À défaut de reprendre une vie totalement normale cet été, les Français espèrent tout de même pouvoir respirer l’air frais du parc ou de la forêt voisine, sans sentir leur souffle ou le tissu rentrer entre leurs dents. La professeure Isabella Annesi-Maesano est directrice de recherche à l’Inserm, experte des maladies allergiques et respiratoires : elle explique comment les mesures pourraient être progressivement allégées, notamment sur le port du masque en extérieur.
La professeure Isabella Annesi-Maesano a dit : J’espère qu ‘on va retrouver une vie sans masque . Mais dans l’immédiat, je ne vois pas cela de façon définitive, ni en France ni ailleurs, car nous n’avons toujours pas compris la syndémie (les facteurs qui aggravent les conséquences d’une maladie, NDLR) du Covid-19. Pour vivre sans masque, à l’intérieur des locaux, il suffit de s’assurer que les locaux sont bien ventilés, de façon naturelle (ouverture des fenêtres) ou par le biais de ventilations mécaniques appropriées, ou qu’ils sont équipés de purificateurs d’air. En fait, on est en train d’assister à des progrès notables dans le domaine des purificateurs, notamment dans le cas de ceux qui cumulent plusieurs technologies et qui couvrent plusieurs mètres cubes. Ainsi, on pourra abandonner le masque lorsque l’air sera échangé ou purifié de façon appropriée par rapport à la surface et le volume d’air du local, le nombre d’occupants, leur fragilité, le type de fréquentations et les activités réalisées (selon l’activité, on respire plus ou moins). Des scores ont été proposés pour mettre en œuvre la sécurité vis-à-vis du Covid à l’intérieur des locaux.
Pour l’extérieur, le port du masque pourrait être abandonné beaucoup plus rapidement et sans mesures et technologies particulières, tout en sachant que, dans certaines circonstances, les gestes barrières et le masque peuvent continuer à être utiles. En d’autres mots, je suggère que les gens continuent à avoir un masque à portée de main et qu’ils puissent le mettre dans certains cas bien précis. À savoir lorsqu’il y a encore les signes de la circulation du virus, des pics de pollution atmosphérique, ou lorsqu’on est en contact serré, par exemple au marché… Mais il est ridicule d’imposer le port du masque lorsque les gens sont seuls à l’extérieur.
Elle a ajouté : Je ne pense pas qu’actuellement les conditions soient réunies pour que les personnes vaccinées ne portent pas un masque. L’immunité collective n’a pas été atteinte. La couverture vaccinale n’est pas optimale, notamment lorsqu’on pense que dans le monde il y a 8 milliards d’habitants et que seulement une minorité est vaccinée. Les vaccins peuvent ne pas couvrir certains variants. D’ailleurs, les vaccins protègent des formes graves, mais pas de la contagion.
Isabella Annesi-Maesano trouve qu’il faut changer notre rapport aux masques. Il faut limiter la pollution provoquée par les masques, qui contiennent des fibres et du plastique. Il faudrait des masques réutilisables et au moins biodégradables ou recyclables. Plus généralement, il faut penser à une production locale et de proximité pour réduire l’empreinte carbone.
Elle a fini ses paroles en disant que tous les endroits fermés présentent un risque important de contamination par le Sars-CoV-2. Nous savons désormais que le moyen de transmission le plus important de ce virus est par le biais des aérosols qui restent en suspension dans l’air. Les trains, les avions et les salles de spectacle sont des endroits fermés. Cependant, des progrès ont été réalisés afin d’assurer leur ventilation : par exemple, chez Air France, l’air des appareils est renouvelé toutes les trois minutes. La notion de jauge de fréquentation a été introduite.
Source : Le Point.fr