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Vacciner les enfants contre le Covid, bonne ou mauvaise idée ?

Moderna a annoncé avoir entamé des essais de son vaccin contre le Covid-19 sur plus de 6 500 enfants, âgés de 6 mois à 11 ans. S’ils constituent une part importante de la population, les enfants sont toutefois moins exposés aux cas graves de la maladie, tout en la transmettant moins pour les plus jeunes d’entre eux. Est-ce alors une bonne idée de les vacciner contre le virus et qu’en disent les spécialistes ?

Le vaccin contre le Covid-19 pour les enfants se précise. Mardi 16 mars, le groupe pharmaceutique américain Moderna a annoncé avoir débuté des essais de son vaccin sur des enfants, âgés de 6 mois à 11 ans. Au total, 6 750 enfants aux États-Unis et au Canada sont concernés par cet essai clinique.

Un nombre inférieur aux dizaines de milliers de candidats pour les essais sur les adultes, car il s’agit surtout de déterminer quel dosage est le mieux adapté pour eux, expliquent des experts. Le mécanisme du vaccin en lui-même ainsi que sa sûreté ont déjà été étudiés.

Mais différentes études ont montré que les enfants sont moins exposés aux cas graves de la maladie, tout en la transmettant moins pour les plus jeunes d’entre eux. Ce qui explique que leur vaccination n’a donc pas été une priorité jusqu’ici. Pourquoi vouloir alors vacciner les enfants ?

« Pas nécessaire chez l’enfant »

Selon la Société française de pédiatrie (SFP), la « vaccination n’apparaît pas comme nécessaire chez l’enfant » à l’heure actuelle. La SFP rappelle que le Covid-19 pour les plus jeunes « est le plus souvent asymptomatique, les enfants sont peu contagieux et très peu de formes sévères ont été décrites, même pour ceux atteints de pathologies chroniques ».

Aujourd’hui, « il n’y a que très peu de données d’efficacité et de tolérance de ces vaccins disponibles chez l’enfant », ajoute cet organisme. Mais selon la SPF, des enfants à très haut risque de Covid-19 sévère pourraient être vaccinés « selon le même schéma que les adultes, dès que possible ».

« Je considère qu’il s’agit bien d’une haute priorité », estime de son côté Lee Savio Beers, présidente de l’American Academy of Pediatrics, équivalent de la SPF aux États-Unis.

« Les enfants de moins de 10 ans transmettent moins le virus, mais cela ne veut pas dire qu’ils ne le transmettent pas du tout », y compris à des personnes à risque, a-t-elle argué.

Et « même s’ils ont moins de chance de tomber terriblement malades, ils peuvent aussi l’être », parfois sur plusieurs mois, rappelant que plusieurs centaines de décès d’enfants ont été enregistrés depuis le début de la crise sanitaire.

Par ailleurs, les enfants sont touchés par certaines conséquences spécifiques de la pandémie, comme les fermetures d’écoles dans plusieurs pays du monde.

La question de l’immunité collective

Il semble également peu probable que ce que l’on appelle « l’immunité collective », nécessaire pour stopper l’épidémie, puisse être atteinte sans inclure les plus jeunes.

On ne sait pas encore exactement quel pourcentage de population vaccinée sera nécessaire pour arriver à une immunité dans un pays. Selon l’immunologue américain Anthony Fauci, également conseiller de la Maison Blanche, cela devrait représenter entre 70 % et 85 % d’une population.

En France, selon l’Insee, les « moins de 15 ans » représentent en 2021 près de 12 millions de personnes, soit plus de 17,7 % de la population globale.

« Une immunité collective efficace nécessitera la vaccination des enfants », ont écrit en février, dans la revue scientifique NEJM, les spécialistes en pédiatrie Perri Klass et Adam J. Ratner. Il s’agit d’une « obligation éthique et d’une nécessité pratique ».

Les bénéfices seront à la fois « directs » (les enfants tomberont moins malades), et « indirects » (ils ne transmettront pas la maladie), selon eux.

Un rapport bénéfices-risques différent

Toutefois, le calcul du rapport bénéfices-risques est différent lorsqu’il s’agit de vacciner un enfant ou une personne âgée de plus de 80 ans.

Les vaccins sont très efficaces contre les cas graves de Covid-19, les hospitalisations et les décès, des problèmes rarement rencontrés « par la population la plus jeune », nuance Amesh Adalja, du Centre Johns-Hopkins pour la sécurité sanitaire.

Dans ce contexte, « quel niveau d’effets secondaires est tolérable ? », s’interroge ce médecin spécialisé dans les maladies infectieuses, avançant l’idée d’une vaccination par groupes d’âge, qui prioriserait les adolescents plus âgés sur les petits enfants.

Parce qu’ils n’ont pas fini leur développement, les essais cliniques sur les enfants visent à comprendre comment leur système immunitaire réagit à différents stades de croissance.

Procéder par étapes en descendant progressivement les classes d’âge est une démarche standard dans le développement de traitements. Mais selon Amesh Adalja, il est aussi possible que la pandémie soit sous contrôle avant même que la distribution des vaccins pour les enfants n’aboutisse.

Source : Ouest-france.fr

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