Le gouvernement de Nagib Mikati, réuni pour la première fois à Baabda depuis que le Parlement lui a accordé sa confiance, a nommé hier les membres de sa délégation qui sera chargée de négocier avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un plan de sortie de crise du pays. Cette délégation est présidée par le vice-président du Conseil, Saadé Chami (PSNS), ancien du FMI, et elle comprend les ministres de l’Économie, Amine Salam, et des Finances, Youssef Khalil, le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé ainsi que deux conseillers du président de la République Michel Aoun, Charbel Cordahi et Rafic Haddad.
Lors de sa réunion, présidée par le président Aoun, le gouvernement a en outre décidé de déférer l’affaire de l’explosion en août d’une citerne d’essence à Tleil, dans le Akkar, devant la Cour de justice. Ce drame avait fait au moins 30 morts le 15 août dernier quand des habitants s’étaient rués vers une citerne saisie par l’armée pour récupérer du carburant, au plus fort de la crise d’essence.
Sur un autre plan, le cabinet a réclamé une avance de 100 millions de dollars à la Banque du Liban (BDL) afin de financer les importations de fioul à destination d’Électricité du Liban (EDL).
Au début de la réunion, le chef de l’État a souhaité au cabinet d’obtenir, après la confiance du Parlement, « celle des citoyens et de la communauté internationale ». La confiance octroyée il y a une dizaine de jours par la Chambre oblige désormais le gouvernement à « travailler sérieusement et rapidement pour mettre en application la déclaration ministérielle, en respectant les priorités établies » pour les différentes réformes, à commencer par les « questions sociales et de la vie de tous les jours », a-t-il ajouté. Il a notamment appelé l’exécutif à se pencher sur « le contrôle des prix » des biens de consommation et sur le projet de carte d’approvisionnement pour les familles défavorisées. Les modalités de ce projet, de l’enregistrement et du filtrage des bénéficiaires jusqu’à la distribution de la carte, avaient été annoncées par les anciens ministres de l’Économie et des Affaires sociales, mais la nouvelle équipe a souhaité réviser le texte présenté. Les aides qui doivent être distribuées via cette carte ont notamment pour objectif d’aider les familles dans le besoin à faire face à la suppression des subventions sur les denrées essentielles – comme les médicaments, le carburant ou la farine – déjà totalement ou partiellement levées ces derniers mois. C’est d’ailleurs ce qu’a déclaré quasiment sans ambiguïté le ministre de l’Énergie, lors d’une déclaration à la presse suite à la réunion du Conseil des ministres. Le ministre a estimé que les subventions sur le carburant ont pratiquement été levées, soulignant qu’elles « n’ont en tout cas pas servi les intérêts des citoyens, mais d’autres intérêts » et affirmant cependant que la tendance serait à la « rationalisation de la consommation ».