Le défilé du 14 juillet qui marque la fête nationale française s’est déroulé dimanche à Paris sous le signe de la coopération militaire européenne chère à Emmanuel Macron et en présence de plusieurs dirigeants européens dont Angela Merkel, troublé par des huées et suivi d’incidents sur les Champs-Elysées.
Au total, 180 personnes ont été interpellées, selon la préfecture de police de Paris. D’abord en marge du défilé militaire, troublé par des huées lors du passage du président français et où des “gilets jaunes” avaient appelé à manifester, puis lors des échauffourées de l’après-midi, quand des barrières ont été renversées et des poubelles incendiées sur les Champs-Elysées après le défilé.
Pour cette édition 2019, la France avait convié une dizaine de pays européens partenaires de son armée à la traditionnelle parade militaire, “beau symbole de l’Europe de la défense que nous sommes en train de construire”, selon le président français.
– “Symbole de coopération” –
“C’est un grand geste pour une politique de défense européenne”, a salué la chancelière allemande Angela Merkel à l’issue de la cérémonie. “Nous sommes honorés de la participation d’Allemands, c’est un symbole de la forte coopération franco-allemande”, a-t-elle dit.
Outre Mme Merkel, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, figuraient parmi les 11 invités européens du président français, qui ont ensuite participé à un rapide déjeuner à l’Elysée.
La Première ministre britannique démissionnaire Theresa May était représentée par le vice-Premier ministre David Lidington.
Le défilé à pied, avec sa succession de cavaliers, chars ou militaires en grande tenue de cérémonie, a débuté avec les emblèmes des dix pays participant à l’Initiative européenne d’intervention (IEI) — née il y a un an sous l’impulsion du président Macron: France, Belgique, Royaume-Uni, Allemagne, Danemark, Pays-Bas, Estonie, Espagne, Portugal et Finlande.
Face au Brexit et au relâchement des liens transatlantiques sous l’ère Trump, Emmanuel Macron a fait de la défense européenne l’un de ses thèmes de prédilection, jugeant crucial pour le Vieux continent d’accroître son autonomie stratégique, en complément de l’Otan.
Ouvert par l’emblématique panache de fumigènes bleu-blanc-rouge de la Patrouille de France, le défilé aérien intégrait un avion de transport A400M allemand et un C130 espagnol.
Parmi les hélicoptères au-dessus de Paris figuraient aussi deux Chinook britanniques.
Le champion du monde de jet-ski français Franky Zapata a offert à la foule un époustouflant spectacle futuriste en volant debout, fusil en main, à plusieurs dizaines de mètres au-dessus des Champs-Elysées sur son “Flyboard”, un engin de son invention, propulsé par cinq mini-réacteurs.
Le défilé s’est achevé avec des blessés des armées françaises, actuellement engagées sur de multiples théâtres, du Moyen-Orient au Sahel. Le président français et la chancelière allemande ont échangé avec eux. Le couple Macron s’est ensuite entretenu avec les familles des militaires morts ou blessés au combat.
Au total, quelque 4.300 militaires, 196 véhicules, 237 chevaux, 69 avions et 39 hélicoptères ont été mobilisés pour l’événement.
Dans la matinée, quelques dizaines de “gilets jaunes”, sans leur chasuble fluo mais munis de sifflets et de ballons, avaient copieusement hué le passage du président Emmanuel Macron.
De petits groupes ont ensuite parcouru les Champs-Elysées en chantant “Macron démission” ou “Gilets jaunes ! Ca va péter !”.
C’est après la fin de la cérémonie que la situation s’est tendue: des manifestants mais aussi des jeunes gens dissimulant leur visage sous des foulards et des capuches ont investi le haut de l’avenue en profitant de sa réouverture au public.
De nombreuses barrières métalliques ont été renversées, et des poubelles incendiées, conduisant les forces de l’ordre à tirer des grenades lacrymogènes.
Des bénévoles assurant les premiers secours ont indiqué à l’AFP avoir pris en charge une touriste étrangère grièvement blessée à l’œil gauche.
Le calme semblait revenu en fin de journée. “L’ordre a été rétabli”, a déclaré à la presse le préfet de police de Paris, Didier Lallement, précisant que les incidents étaient le fait de “200 casseurs”, qui avaient été “repoussés”.
Trente-huit personnes ont été placées en garde à vue, dont 13 étaient toujours retenues à 19h00.
Source / L ‘ Observateur