Au Burundi, le lancement de la campagne pour le référendum du 17 mai se fait dans un contexte sécuritaire tendu. Des vidéos appelant à la violence contre les opposants au référendum circulent sur les réseaux sociaux.
“Si nous trouvons un opposant au sein du parti, nous lui fabriquerons un bateau. Nous le mettrons dans la Karonge, il sera charrié vers le lac Tanganyika”. Ces mots ont été prononcés par Melchiade Nzofabarushe, ancien chef de cabinet adjoint du président Nkurunziza et ancien vice-président de la ligue des jeunes du parti au pouvoir, lors d’un meeting mi-avril. Il avait alors menacé de “nourrir les poissons” avec le corps des opposants qui voteraient non au référendum du 17 mai prochain.
Le parti CNDD-FDD a été surpris d’entendre des propos haineux attribués à M. Melchiade Nzopfabarushe, des propos qui peuvent entacher l’unité et la cohésion des Burundais.
Communiqué du CNDD-FDD
Moins de 48 heures après la diffusion, ce responsable politique était arrêté puis jugé par le tribunal de grande instance de Bujumbura. Il a été condamné, lundi 30 avril, à 3 ans de prison pour “menaces d’attentat contre des personnes” et “faux bruits de nature à porter atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat”.
Selon l’AFP, une source interne a minimisé la portée de cette arrestation, selon elle Melchiade NZofabarushe aurait été “sacrifié sans états d’âmes car il était en disgrâce depuis plusieurs mois.”
Réelle condamnation du pouvoir ou tentative de parer aux critiques internationales à la veille du lancement officiel de la campagne pour le référendum? Depuis quelques mois, des vidéos qui appellent à la violence envers les opposants politiques au pouvoir circulent sur les réseaux sociaux. Il y a un an, des membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir, les Imbonerakure étaient déjà mis en cause dans une vidéo sur laquelle ils chantaient en kirundi, appelant à “engrosser des opposantes pour qu’elles enfantent des Imbonerakure.”
Depuis, les opposants au pouvoir dénoncent un nombre grandissant de vidéos de ce type. Elles impliquent souvent des Imbonerakure, intégrés dans le système de sécurité burundais. Les membres de cette ligue, considérée comme une milice par l’ONU, sont accusés par plusieurs ONG d’être responsables de graves violations de droits de l’Homme depuis avril 2015, aux côtés de la police, des services secrets et de l’armée.
Mi-avril, l’ONG de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch a dénoncé une répression accrue au Burundi. L’ONG accuse les forces gouvernementales et les membres du parti au pouvoir d’avoir “tué, passé à tabac et intimidé des citoyens perçus comme des opposants”, en vue du référendum du 17 mai.
Source:(Le Monde)